Publications & réflexions

Publications & Réflexions

Le Song Taaba System

« le Song taaba System pour zéro chômage, zéro faim, zéro pauvreté, tout dans le savoir » se veut un système pour éradiquer la pauvreté, le chômage et la faim en s’appuyant sur des valeurs endogènes telles que l’entraide, la solidarité et le partage.

Coécrit par S.E le Larlé Naaba Tigré et Dibi Alfred MILLOGO, l’ouvrage dénommé Song Taaba System a été présenté au public le 6 février 2021 à Ouagadougou. la réflexion et l’écriture du livre a connu la participation d’étudiants, de Professeurs, Chercheurs, Chefs d’entreprise, de leaders d’opinion, etc.


Le larlé Naaba Tigré contre la faim, nouvelles techniques culturales pour plus de rendement agricole. Outil de l’agriculteur

L’ouvrage, disponible en huit (8) langues locales dont le Dioula, le Fulfundé, le Gulmantchéma, le Mooré, le Lélé, le Kassem, le Bissa et le San résume les différentes techniques et méthodes agricoles efficaces ainsi que les matériaux facilement accessibles surtout au monde rural pour de meilleures productions agricoles.

La validation de l’œuvre est intervenue le 14 Novembre 2019 à Ouagadougou en présence du Ministre de l’agriculture, M. Salifou OUEDRAOGO et du Parrain Maître Frédérique Titenga PACÉRÉ.

     

Publication 1 : « L’organisation et le fonctionnement de l’empire des moosé de Ouagadougou, sa place dans la société actuelle ».

Par Son Excellence le Larlé naba Tigré

Ministre de sa Majestée le Moogho Naba Baongo

Président de l’association BELWET

INTRODUCTION : HISTORIQUE ET FONDATION DE L’EMPIRE DES

                                    MOSSE DE OUAGADOUGOU

I – QUELQUES ELEMENTS SUR L’ORIGINE DES MOOSSE

Historiquement, Naaba OUEDRAOGO  est issu de l’union d’une princesse Yennenga, première fille du chef de Gambaga (Nord de l’actuel Ghana) et d’un chasseur nommé Rialé, d’origine Bissa ou Mandé ou même Dagari. Mais l’attribution de cette origine a toujours été le fait de chroniqueurs ou d’historiens étrangers.

  1. L’histoire de Yennenga

La princesse Yennenga dont le nom en mooré signifie « quelque chose de pur, de joli », était une amazone de valeur guerrière si bien élevée que son père ne voulait pas s’en séparer. N’ayant pas de surcroît d’autre héritier qu’elle, il l’éduqua comme un garçon et la fit participer aux campagnes de guerre. Yennenga fit ce parabole vivant en semant du gombo quelle laissa exprès dépasser la maturité. A la question de son père du pourquoi cet oubli, elle répondit : « vous, vous m’avez bien laissée vieillir ». Ce fut au cours d’une bataille que le cheval de Yennenga s’emballa un jour et entraîna celle-ci- dans la brousse où se produisit l’historique rencontre avec Rialé. Le fils OUEDRAOGO qui naquit de leur union signifie justement « cheval mâle » en mooré.

  • Fondation de l’empire des mossés de Ouagadougou

Yennenga éleva son fils OUEDRAOGO dans la forêt jusqu’à l’âge de sept (7) ans avant de la présenter à son grand-père, le chef de Gambaga. Malgré sa colère contre sa fille, celui-ci décida, au terme de sept(7) jours de réflexion, de doter  son petit-fils de nombreux chevaux, bœufs, moutons, argent et hommes de guerre.

Devenu grand, OUEDRAOGO entreprit  ses conquêtes et c’est ainsi qu’il fonda après la mort de son père, le premier royaume des mossés de Tenkodogo. Il a eu de nombreux descendants dont – Naaba Zoungrana, père de Naaba Oubri, fondateur du royaume de Ouagadougou.

Naaba Oubri, fut sollicité par les autochtones (Nyonyonsé) de la région de Ziniaré pour les diriger et les défendre contre leurs voisins qui y menaient  des opérations de razzia. C’est ainsi qu’il commença à étendre son autorité vers l’ouest.

NB : Disons que les nombreuses visites que le Larlé Naaba Ambga, célèbre historien national a effectué à Gambaga et plus précisément au coeur de la  cité princière de Gambaga, Narelgo, de même que les enquêtes qu’il y a menées ont permis de comprendre davantage le point d’ancrage de la légende et de l’histoire. Tant pour ce qui concerne lui-même que Yennenga et la suite de leu épopée.

  1. Rialé n’est rien d’autre que l’homonyme ou le synonyme de Riaré, mot indiquant en mooré « manger tout ce que l’on trouve » parce que dans l’impossibilité de choisir ses mets en pleine brousse (Riaré).
  • Dans le contexte géographique des Xè et XIè siècle, il était nullement et humainement pas possible a un quidam d’affronter et la forêt dense ou même la brousse épaisse de la région concernée et réaliser une trentaine de kilomètres forcement à pied sans rencontrer un péril certain ; ne serait-ce  qu’au niveau de la faune sauvage. Cela discrédite déjà la thèse d’un bissa ou dagara égaré à plus de 100 km de son gîte, et encore moins à un vaillant chasseur venant de l’actuel Mali.
  • Le récit du pardon obtenu par  Yennenga de son père donne des indications sérieuses que Riaré n’était rien qu’un sujet  intrépide de Gambaga ayant fui la colère de son roi qui aurait pu se rendre compte de son amour juvénile pour sa fille Yennenga et cela d’autant plus que le roi avait gardé secrète la féminité de Yennenga qu’il  présentait à son peuple comme héritier et non comme héritière.
  • Le récit du gombo asséché lancé par Yennenga à son père sous forme de parabole montre également le chemin d’un amour secret naissant en elle ; mais qu’elle n’osait exprimer en temps que fille.
  • Enfin, l’emballement supposé de Yennenga  aurait-il pu avoir raison de celle-ci cavalière émérite quelle était, cette impuissance subite de Yennenga  devant la rébellion de son cheval semble trahir manifestement un manège de sa part pour rejoindre son jeune amant dagomba caché dans la brousse pour éviter le châtiment de son maître. Et ce qui devait arriver arriva : la naissance de OUEDRAOGO.
  • Après sept ans de vie cachée et d’amour consommé, le couple dagomba revint à la source et implora pardon à son père et maître. Il l’obtint après sept jours d’attente d’une réponse royale et paternelle qui n’arriva pas. Manifestement un étranger mari ou amant de Yennenga, même père de OUEDRAOGO n’aurait pas échappé à la foudre du roi à la sentence de mort.
    • Moogho désigne en mooré le monde et l’univers qui a été indiqué sans être déterminé par le Roi de Gambaga, pour son petit fils que lui aussi aille y régner, et c’est pour cela qu’il a entrepris ses conquêtes.
  • La mère de Rialé était dagara d’où l’origine des mossé comme petit fils petit fils des dagari.

II – LE PROCESSUS D’ACCESSION AU TRONE ET L’ORGANISATION DU

         POUVOIR MOAGA

La structure politique de l’empire des mossé de Ouagadougou a un caractère essentiellement lignagier hiérarchique.

  1. L’empereur des Mossé : succession

Le principe de la succession est la primogéniture. Elle n’est pas automatique car la succession est ouverte à tous ceux qui, coutumièrement et légitimement peuvent prétendre à cette succession. Dans le système politique moaga, il y a nécessairement un processus de compétition entre au minimum deux (02) prétendants à la succession. C’est là, en réalité une forme de démocratie entre les fils et frères des chefs défunts.

  • L’organisation et le fonctionnement du pouvoir

L’organisation du pouvoir de l’Empire distingue principalement l’Empereur, le Grand Tansoaba, la Cour composée des cinq principaux ministres que vous connaissez, ainsi que d’autres notables qui ont des fonctions spécifiques les plaçant au rang de ministres, même s’ils ne siègent pas toujours au Conseil hebdomadaire.

Il convient de souligner à ce niveau, que toute contribution qui pourrait nous éclairer davantage sur l’organisation et le fonctionnement du pouvoir traditionnel serait la bienvenue, car nul n’a la connaissance absolue de l’histoire.

Ceci dit, vous devez retenir que le pouvoir de l’Empire se compose comme suit :

  • L’Empereur (le Moogho Naaba), est le Dima, le Chef suprême. Il est appelé le Pâang-soaba.
  • Le Dim Tansoab-n-Kasênga (ou Grand Tansoaba) dont la position dans l’organigramme ne peut pas être indiquée de manière précise étant donné le fait que son importance varie suivant les circonstances (temps de paix et temps de guerre)

Le Dim Tansoab-n-Kasênga n’est pas de la cour, mais il opère en cas de guerre en qualité de général d’armée conduisant les troupes sur le terrain de bataille. Auprès de la cour, il est représenté officiellement par le Goungha-Naaba. En cas de nécessité, le Larlé Naaba, le Goungha-Naaba ainsi que le fils aîné du Ouidi Naaba (dans la majeure partie des cas) participent aux combats.

Le Tansoaba ne siège pas  à la cour. Il rend visite au Moogho-Naaba une fois par an ou en cas de sollicitation. En temps de guerre il a la préséance sur tous les autres ministres.

  • Les cinq (5) principaux ministres du Moghoo-Naaba sont :
  • Le Ouidi-Naaba, doyen de la cour, joue le rôle de premier ministre en termes modernes. C’est une fonction essentiellement politique ; il assume la continuité du pouvoir.
  • Le Larlé-Naaba est ministre de la guerre Dim Tansoaba avec des fonctions spécifiques et son adjoint direct au niveau de la cour est le Samand-Naaba. Il est le dépositaire des rites relatifs à la sépulture impériale qui imposait un soin particulièrement rigoureux pour le respect de la dignité de l’illustre disparu. Cela permet d’éviter la colère des ancêtres en cas de manipulation incorrecte des coutumes, garantissent ainsi la paix sociale et la prospérité après les funérailles du défunt et l’intronisation du nouvel empereur. Cette fonction relève des spécialistes des coutumes royales agissant sous l’autorité du Larlé-Naaba.

NB : Quelques autres missions du Larlé Naaba en plus de la visite quotidienne qu’effectuent tous les sministres.

Après les rites de nomination, le lendemain matin, le nouveau chef doit mettre une somme symbolique dans le « toom boko ». C’est le Larlé Naaba qui le récupère des mains du Samand Naaba et décide de l’utilisation.

Chaque année, le Larlé Naaba doit procéder au rituel de renouvellement du vieil hangar des Bênda du Moogho Naaba. Il remet un canari de dolo et retire  3 fois les vieilles pailles qu’il jette aussitôt sur la terre.

  • Le Goungha-Naaba. Il est Tansoaba, Ministre de la guerre faisant office de chef d’état major général des armés : il a son domaine de compétence et il décide de  l’intervention de telle arme ou de telle autre selon la configuration de la guerre (fantassins, archers, cavaliers, etc.).

NB : Tous les Mossé en âge majeur et valides sont des guerriers. En temps de guerre, ils sont enrôlés dans l’armée pour les combats. Il n’y avait pas d’armée régulière, c’était une armée populaire.

  • Le Kamsaogho-Naaba est responsable du harem impérial. Il jouit d’une très grande confiance du Mogho-Naaba : ainsi, il assure le commandement de la garde impériale et supervise la garde impériale rapprochée, commandée par le Kamboin-Naaba ; il a la mainmise sur tous les villages des esclaves.
  • Le Baloum-Naaba est l’intendant du palais. Il joue le rôle de chef de protocole du palais. Il entretient une bonne collaboration avec les trois grands pages ou serviteurs permanents de la cour.

Il est à savoir que les ministres suivants : le Ouidi-Naaba, le Larlé-Naaba, le Goungha-Naaba, le Kamsaogh-Naaba et le Baloum-Naaba sont les chefs de provinces coutumières avec des territoires bien précis.

Il faut noter également que les quatre ministres chefs de provinces sont des primus inter pares (le premier entre ses égaux).

Il y a évidemment d’autres chefs qui ont des fonctions spécifiques importantes. Ce sont :

  • Le Nemdo-Naaba.  Il est chargé des hôtes du Mogho-Naaba et du partage rituel de la viande en cas de cérémonie coutumière ou de vivres en cas de famine ;
  • Le Poe-Naaba. Personnage très redouté, capable de détecter, uniquement en  regardant à la surface de l’eau contenue dans une petite jarre en terre, les personnes utilisant des forces occultes à des fins mauvaises : sorciers, mangeuses d’âmes. Il a donc le pouvoir de les exorciser. C’est le voyant mystique. Il est témoin des œuvres les plus secrètes de la coutume et de l’empire.
  • Le Samand-Naaba  joue le rôle de chef de protocole les jours de nomination de nouveaux-Naaba. Il assure la confection du hangar des griots et le défrichage de l’aire de cérémonies des salutations quotidiennes. Il a d’autres fonctions importantes relatives à la gestion du repos des ancêtres impériaux et au respect des principaux rites y afférents.

Les trois grands pages (song kansênsé) du Mogho-Naaba  sont nommés par l’empereur lui-même : ils assurent la liaison entre les principaux ministres et la cour. (Le Ouidi-Naaba, le Larlé-Naaba et le Goungha-Naaba) :

  • Le Ben-Naaba, Doyen des bênda (musiciens) de l’empereur.
  •  Le Loun Naaba, Chef des Lûmsé (musiciens) de l’Empereur

Les sons que ces chefs de musiciens connaissent et reproduisent par leurs instruments constituent un langage codé. Ils restituent les avis, les messages, les récits et surtout la généalogie des empereurs ainsi que les grands faits de l’histoire de l’empire.

  • Le Wob-Naaba est le porte-voix de la cour ; c’est lui qui annonce les nouvelles à haute voix ;
  • L’Imam de Ouagadougou est le représentant de la communauté musulmane auprès de la cour. Il est un des représentants de la famille musulmane qui introduit l’Islam dans la famille du Mogho-Naaba ;
  • Le Wagadogho-Naaba est le représentant des chefs Ninissi autochtones qui sont les premiers occupants de la terre de Ouagadougou. Il a un rôle important.
  • Le Wêemba, médiateur de la Cour.

C – Déconcentration du pouvoir politique

Hiérarchie administrative :

  • Mogho-Naaba (Dima)
  • Dimbi
  • Koug-ziidba (Ministre de la cour impérial)
  • Chef de canton (Kombemba)
  • Chef de village (Teng Kong Naaba)
  • Chef de quartier (Sak-Naaba)

Si l’on compare la liste des dignitaires de la cour du Mogho-Naaba à celle des dignitaires qui entourent un chef de canton ou de village, on constate que le Ouidi-Naaba, le Larlé-Naaba, le Goungha-Naaba et le Kamsaogho-Naaba sont des ministres dont le groupe ne se trouve nulle par ailleurs. Ils peuvent être qualifiés de « ministres impériaux » ou « ministres d’Etat ». Par contre, la Ouidi-Naaba qui personnifie la pérennité du pouvoir et le Tansoba (chef de guerre) constituent des structures que l’on retrouve auprès des dimbi de Ouagadougou (Yako, Rissiam, Téma, Mané, Konkistenga, Kayao).

Le mode d’organisation qui prévaut à la cour se reproduit au niveau des autres structures de commandement à quelques exceptions près.

  • Les yiisgu ou sorties impériales et autres cérémonies

Les yiisgu sont les deux apparitions matinales du Mogho-Naaba dans sa cour peu après l’aube, vers 07H00. Ces sorties ont lieu en présence de tous les dignitaires de l’Empire, du palais et de la région de Ouagadougou, qui occupent des emplacements fixes. Elles sont réglées par un cérémonial immuable, et elles attestent l’existence du pouvoir suprême. Ce pouvoir (le Naam) est indépendant de la personne du Mogho-Naaba et il lui est supérieur. Le Mogho-Naaba n’en est que le dépositaire. « Le roi règne, dit-on, mais la coutume gouverne ». C’est pourquoi les yiisgu ont même lieu pendant les interrègnes, mais selon un cérémonial très modifié. Qu’il pleuve abondamment ou pas, les yiisgu ont lieu tous les matins.

Déroulement des séquences du rituel :

1er yiisgu : Un 1er coup de fusil annonce l’appel des troupes et le début de la cérémonie. Le premier groupe de ministres du palais conduit par le Samand-Naaba s’approche et le salu en se prosternant. Lorsque ceux-ci se retirent, les principaux ministres d’Etat, conduits par le Ouidi-Naaba, viennent eux aussi faire allégeance au Mogho-Naaba . Aussitôt après, le Kamsaogho-Naaba s’approche tout seul du Mogho-Naaba lui demande de remettre son voyage à plus tard.

2ème yiisgu : Le 2ème coup de fusil est l’expression de satisfaction de la Cour et des troupes. Le second yiisgu ou « lebga sonré », c’est-à-dire « il fait jour à présent » a lieu immédiatement après le premier. Le Mogho-Naaba apparaît de nouveau mais, cette fois-ci, il est revêtu de blanc. Il s’assoit sur un coussin, un « pouf » assez haut, couleur rouge.

Déroulement des séquences du rituel : Le premier groupe de ministres du palais conduit par le Samand-Naaba s’approche et le salue en se prosternant.

Déroulement du second rituel : les ministres du premier groupe viennent saluer une seconde fois. Les ministres du deuxième groupe ne saluent pas au cours de la seconde sortie. S’il désire leur faire connaître une décision, il les fait prévenir. Dans le cas contraire, il se retire dans son palais, salué par les tambours qui battent de nouveau sa généalogie. Il faut noter à cette étape que le Moogho Naaba reçoit les bénédictions du Grand Imam du Moogho qui habite à ce jour non loin de la RAN.

Le mardi et le vendredi sont des jours fastes. Le premier est celui des nominations des nouveaux chefs. Le second est marqué par le rituel du faux départ. C’est une école de tolérance, de pardon et de raison. La tradition rattache ce départ manqué à l’affection du Mogho-Naaba Warga (1666-1681) pour sa favorite, arrachée et installée dans une région éloignée de la capitale.

Il est aussi admis du fait de la vieillesse mutli-séculaire du rituel que l’on rattache ce événement au vol des fétiches royaux « Naam tibo » par la sœur du roi, pour son frère qui est à Ouahigouya.

Les autres cérémonies impériales importantes sont : le « ba ra rêg’ma », le « sotasgho », le Baasgha et le Tinsé.

III – L’EXERCICE EFFECTIF DU POUVOIR-SPECIALISATION

        GESTION PARTICIPATIVE DU POUVOIR

Le Mogho-Naaba n’est pas, comme on l’a fait croire, un despote autocratique. Il est assujetti aux coutumes élaborées avec une extrême précision dans le domaine réligieux, administratif et  politique.

A la cour impériale, l’ensemble des ministres se réunissent quotidiennement pour les salutations d’usage et c’est à l’issue de cette cérémonie que se tient en cas de besoin, un conseil pour traiter des affaires de l’empire.

Tous les sujets sont débattus librement mais la décision finale appartient au Mogho-Naaba. Il peut se tenir des conseils extraordinaires : guerre, épidémie, sécheresse grave, famine etc.

Dans tout le système politique moaga, il est un fait que la médiation, l’impartialité, la préservation de la vie humaine étaient érigées en principe gouvernement et d’existence. En un mot, la justice n’est pas une donnée nouvelle dans notre société,  elle est même codifiée et surveillée par les structures permanentes.

Il s’agit d’un régime monarchique (certes) mais tempéré par toute une série de coutumes, dont la précision, la rigueur, la permanence et la cohésion réalisent une véritable règle fondamentale, une constitution non écrite, mais qui subsiste depuis des siècles par la tradition orale.

IV – LA REALITE DU NAAM AUJOURD’HUI

  1. Une relation permanente avec la communauté
  • le contact entre les chefs coutumiers et les citoyens est direct.
  • Chaque jour la cour des chefs traditionnels connaît une affluence des membres de communauté qui en font le lieu de résolution de leurs problèmes.
  • Les chefs coutumiers ont une capacité d’adaptation très dynamique avec leur temps.
  • La fonction coutumière est la principale base de l’équilibre socio-psychologique.
  • La fonction coutumière de par ses assises et son organisation constitue le socle culturel indispensable auquel s’adonne la société moaga.
  • Une des missions assignées à l’organisation coutumière consiste à porter haut et loin le flambeau de nos traditions et de nos valeurs culturelles menacées par une mauvaise compréhension.

Dépositaires de la tradition et de la culture certains chefs coutumiers font la promotion de la culture à travers des publications monographiques de leur famille, des livres, des contes à la Radio et Télévision, des conférences dans les lycées et collèges même à l’étranger etc… Ils sont aussi des opérateurs de développement pour une grande majorité des agriculteurs, maraîchéculteurs, et éleveurs etc.

  • L’organisation coutumière et la politique moderne
  • L’organisation du pouvoir coutumier a une vocation essentielle, c’est servir la communauté.
  • Cette vocation la rapproche de l’idéal que se donne l’action politique dans la société moderne : organiser la communauté dans l’optique d’assurer la réalisation du bien-être individuel et collectif.
  • La fonction coutumière ne s’interdit donc pas d’accompagner une bonne et saine vision de la politique. Parce que le Naam est par essence politique.
  • Etant en relation quotidienne avec la population et les communautés de base, les responsables coutumiers se positionnent mieux pour traduire leurs aspirations.
  • Ils y ont un devoir de se faire comprendre, de présenter au mieux la réalité de leur action, leur raison d’être est de prévenir tout dérapage qui conduirait à un écart entre les finalités de la politique et les attentes de la communauté.
  • C’est cela qui explique la proximité parfois mal comprise entre les responsables du domaine coutumier et les milieux politiques.
  • Dans la cour du roi, habite la pûg-kiêma qui est épouse et collaboratrice élue au sein des autres reines. Elle est aussi la première gardienne des pouvoirs et forces du roi.

CONCLUSION

L’homme ne vit pas seulement d’eau et de pain, et notre développement ne peut se construire qu’à partir d’un socle culturel socio-politique solide et bien intégré.

La jeunesse doit se donner comme vocation la recherche, la préservation, l’approfondissement et l’adaptation de nos valeurs authentiques : le développement et le bien-être de la communauté toute entière sont à ce prix. Nous devons nous inspirer des valeurs culturelles traditionnelles pour vivre ensemble dans une société qui connaît de grandes mutations. L’alliance de la modernité et de la tradition est plus qu’un impératif afin de fournir à nos Etats des repères solides.


 

Publication 2 « Société traditionnelle et droits de l’enfant »

Par son excellence Naaba KANGO, chef de SAO Administrateur civil, chef de canton

INTRODUCTION

Il  y a dans chacune de nos sociétés traditionnelles un ensemble de règles relatives à la place et au rôle de l’enfant. Il existe un ensemble de mesures qui ont pour but d’assurer sa protection, son bien-être et son épanouissement.

La Convention relative aux droits de l’enfant, la convention moderne que nous connaissons, est à la fois le cri de cœur  et l’instrument juridique de la Communauté internationale pour protéger l’enfant et garantir son développement harmonieux dans un monde où les adultes lui font parfois subir consciemment ou inconsciemment, bien d’injustices qui compromettent son avenir.

Cette convention sur les droits de l’Enfant est la manifestation d’un idéal de société. Mais est – que nos sociétés se reconnaissent dans cette convention ? Est – ce que les principes généraux affirmés dans cette convention ont des répondants dans nos cultures susceptibles d’assurer leur  enracinement durable.

Ce sont là autant de préoccupations auxquelles on ne saurait répondre efficacement sans connaître ce qu’est l’enfant en milieu traditionnel et sans  examens des similitudes et divergences entre nos réalités socio- culturelles  et des droits de l’enfant prônés par la convention.

Tradition et modernité sont – elles antinomiques ou peuvent – elles s’enrichir mutuellement et contribuer à un meilleur épanouissement de l’enfant ?

A         LA CONCEPTION DE L’ENFANT PAR

   LA SOCIETE TRADITIONNELLE

Dans la conception traditionnelle, l’Enfant n’est pas seulement le fruit des rapports entre l’homme et la femme. L’Enfant est surtout un don divin (il ne s’obtient ni par la richesse, ni par la force, ni par un quelconque titre de noblesse) et la naissance d’un enfant est considérée comme une marque de la bénédiction divine à l’égard de la famille (l’Enfant est une créature de Dieu qui est créateur et maître de toute chose). La naissance d’un Enfant est un événement heureux qui fait la joie des parents et de tout l’entourage. L’Enfant permet à la femme d’être considérée. Chez les Moosé, le garçon est l’héritier du père, le continuateur de la lignée. Il est un élément moteur et dynamique de la société traditionnelle ; l’Enfant n’appartient pas seulement à tel père et à telle mère, il appartient à toute la communauté.

L’Enfant ne naît pas homme accompli. Il est un être immature (on dit « yâaga », c’est– à – dire qui n’est pas responsable de ces actes et ne sait pas ce qu’il fait) et fragile (« nissa pon’dré »). La survie,  la vie, la protection de l’Enfant, son épanouissement et son bien – être sont assurés solidairement et de façon manifeste par la société. La société doit aider l’Enfant à accomplir, à être homme, à acquérir un savoir – faire et un savoir – être. Dans les communautés traditionnelles, le passé commun et la vie collective donnent à l’existence un fond de fraternité et d’humanisme.

N’importe quel adulte de la communauté est responsable de l’enfant et a obligation de le « corriger » quand il pose des actes répréhensibles. On dit qu’une seule personne met l’enfant au monde, mais qu’une seule personne ne saurait l’éduquer. Toute personne a le droit de profiter des services de l’enfant et le devoir de contribuer à son éducation. Chacun doit contribuer à façonner l’être social car il était tout comme un « bien social ». Il n’est pas rare d’entendre dire qu’on sait qui a mis l’enfant au monde, mais on ne sait pas à qui profitera le fruit de son travail. Il est donc considéré comme un  « bien » collectif éduqué par tous  et pour tous.

Obligation est faite aux parents de s’occuper de leurs enfants jusqu’à ce que « leurs dents poussent » (c’est – à dire jusqu’à la majorité et la maturité). Toutefois, l’enfant a obligation, dès la maturité de s’occuper de ses parents jusqu’à ce que leurs dents « chutent », c’est – à dire jusqu’à la mort. Notons cependant que le « biiga », c’est – à dire l’enfant, reste enfant toute sa vie par rapport à son père, à son père, à la famille, au clan, au village.

L’Enfant est un don de Dieu c’est un être social, c’est un être en devenir.

B –       PLACE ET ROLE DE L’ENFANT DANS

  LA SOCIETE TRADITIONNELLE

Dans la société traditionnelle, l’enfant est une richesse inestimable pour la famille dont il assure l’avenir socio – économique. Pour la mère, l’Enfant représente sa couronne. Elle ne trouve en effet sa dignité et son bonheur réel que lors de la naissance d’un enfant. Pour la femme, la procréation est un facteur de promotion et d’intégration sociale.

Dans la société moaga, par exemple, pour le père de famille, l’enfant est la confirmation de sa virilité. Et s’il est de sexe masculin, il perpétue son nom. On ira même jusqu’à demander, en apprenant le décès d’un homme ou d’une femme : « A – t’il (elle) au moins eu des enfants (ou laissé des enfants) ? » C’est tout dire !

L’enfant est le meilleur moyen pour la réussite sociale car on a beau être riche, on n’aura pas la considération de la société si on n’a pas d’enfant. L’homme préfère être pauvre mais entouré de ses enfants que riche mais sans enfant. Les enfants ne sont pas considérés comme des excédents et même en cas de difficulté de survie, les parents se priveront pour eux.

Les enfants constituent également le ciment entre les familles. Ainsi, il n’est pas rare d’entendre dire « si ton prochain enfant est une fille, promets – moi quelle sera l’épouse de mon fils » ou encore « si c’est un garçon il sera l’ami de mon fils ». Ces « arrangements » resserrent les liens d’amitié et de fraternité entre les différentes familles du village.

Au sein du groupe social, l’enfant occupe également une place de choix : la société le forme, l’éduque afin d’en faire un élément moteur de l’appareil de production et des relations sociales de son groupe. L’enfant, en fonction de son âge rend de petits services, participe aux joies et aux peines et prend part, selon ses possibilités, aux activités de culture et de moisson. Il s’imprègne des traditions lors des veillées  au clair de lune.

La fille apprend son rôle de future mère et d’épouse fidèle et dévouée à son mari.

C –       EDUCATION DE L’ENFANT EN MILIEU TRADITIONNEL

C’est essentiellement dans les différents systèmes éducatifs que sont définis, défendus et appliqués les droits des enfants d’une société donnée. C’est dans l’éducation que se retrouve le stat de l’enfant, ses droits et obligations. L’éducation de l’enfant vise à assurer son intégration à la famille et à la société.

De la naissance jusqu’à l’âge de deux ans environ, c’est à la mère que revient pratiquement l’éducation de l’enfant. Par les soins incessants, la douceur, l’allaitement maternel, la chaleur du corps, les monologues, etc…se tissent des liens entre l’enfant et sa mère. Après cette période, l’enfant s’ouvre petit à petit à l’univers familial. D’autres membres du groupe familial entrent alors en scène pour son éducation. L’Enfant développe une vie affective avec frères et sœurs, les grands-parents, les tantes, cousins et neveux ainsi qu’avec ses petits camarades et voisins. Ses relations s’étendent ensuite à toute la communauté.

Le garçon apprend à jouir d’une grande liberté de mouvement sans que cela n’inquiète ses parents pour qui l’éducation est l’affaire de la collectivité.

La troisième phase de l’éducation débute vers sept ans. L’enfant s’intègre à la fratrie : le garçon entre dans le cercle des hommes (père, grands – parents, oncles), etc, la fille dans celui des femmes (mère, tante, etc.) Dès lors, commence leur association à la vie familiale et sociale. Le garçon est pris en charge par les hommes qui l’initient aux techniques de l’activité familiale (agriculture, élevage, artisanat). Il assiste aux réunions où les hommes relatent les hauts faits du groupe social. On lui apprend l’ordre, le contrôle de soi, l’éducation de la personnalité. Pour le moment, il s’agit de forger un homme solide et préparé à un métier.

La fille, quant à elle, est sous la responsabilité des femmes. Elle apprend les tâches domestiques et les rudiments de sa condition de future épouse. Elle aide sa mère dans les différents travaux ménagers et champêtres.

L’éducation du garçon et de la fille vise à les préparer à prendre contact avec la société, à participer à la production et à établir des relations sociales. Au cours de cette période, l’enfant apprend à connaître l’échelle des valeurs morales de sa collectivité : politesse, obéissance, honnêteté, probité. On lui apprend à bien se comporter en famille et en société. C’est une école d’obéissance, de patience, de discrétion, d’endurance, de savoir – faire et de savoir –vivre. Les contes et légendes, proverbes et devinettes, jeux divers, danses et luttes contribuent à sa formation.

Au fur et à mesure que l’enfant avance en âge, sa véritable vie d’enfant va se situer dans le groupe des camarades où il fera l’apprentissage de la vie sociale. Les fraternités d’âges se constituent par groupe d’âge selon le sexe. Le jeune y apprend la vie en communauté, le partage des décisions et des responsabilités.

La plus importante étape de la vie de l’enfant, celle qui marque son passage au groupe des adultes est constituée par l’initiation (circoncision). Le rite de la circoncision marque la sortie de l’enfance et comporte une phase de retraite sacrée regroupant les jeunes garçons de la même classe d’âge. Les jeunes gens sont soumis à un rituel strict comportant des chants, des danses, des activités rudes. Le soir on leur enseigne autour du feu leurs origines et leur histoire, les valeurs morales de leur société, des contes et légendes, des dictons et proverbes, des astuces utiles à l’homme qui s’éveille en eux. On leur inculque l’esprit d’équipe et de responsabilité.

Dans certaines communautés, les filles sont soumises au rite de l’excision, dont on fait un parallèle inexact avec la circoncision. La pratique de l’excision est aujourd’hui  combattue par des groupes sociaux influents dont la chefferie traditionnelle. Cette présentation du statut de l’enfant en milieu traditionnel n’est certes pas exhaustive mais nous permet de connaître un tant soit peu le contexte dans lequel s’applique la Convention relative aux droits des enfants ratifiées par le Burkina Faso.

Il convient toutefois de signaler que le milieu traditionnel décrit ci-dessus perd de plus en plus de son identité du fait des mutations socio – culturelles. Il serait vain de vouloir être exhaustif sur les droits de l’enfant en milieu traditionnel. L’essentiel, c’est de savoir que la notion de droit de l’enfant est du devoir des adultes. Cela signifie que l’enfant ne pourrait bénéficier d’un quelconque droit si le système des valeurs et l’organisation sociale ne lui avait prévu des passerelles et des lieux de passage obligatoire, dans le but d’assurer son épanouissement.

Quels sont les atouts et les contraintes de notre fond socio- culturelle face à l’idéal de société formé par la convention ?

Dans la convention, l’enfant est une personne et à ce titre, il peut invoquer les droits de l’homme. Il a le droit de participer, en fonction de sa maturité, aux décisions essentielles qui le concernent. Il est positionné dans ses rapports avec sa famille, sa communauté et l’état, dans la perspective de valeurs universelles dépassant les spécificités culturelles et locales sans les nier.

D –       LES OPPORTUNISTES SOCIO – CULTURELLES POUR

                              LA PROMOTION DES DROITS DE L’ENFANT

Le droit à la vie, à la survie et au développement, le droit au nom et à la reconnaissance ou à l’appartenance à une famille, à l’assistance et à la protection du milieu familial, à l’orientation parentale, à la responsabilité parentale, le droit à la santé et au bien – être, le droit à l’éducation, aux loisirs et aux activités récréatives et culturelles sont connus et leur mise en œuvre est même souvent bien organisée. Mais ces droits, restent tributaires du niveau socio – économique du milieu.

Selon des dispositions de la convention, l’éducation doit viser à :

  • favoriser l’épanouissement de la personnalité de l’enfant et le développement de ses dons et de ses aptitudes mentales et physiques dans la mesure de leurs potentialités ;
  • inculquer à l’enfant le respect des parents, de son identité, de la langue et de ses valeurs culturelles ;
  • préparer l’enfant à assumer les responsabilités de la vie dans une société libre, dans un esprit de compréhension, de paix, de tolérance, d’égalité entre les sexes et l’amitié entre tous les peuples et groupes ethniques, nationaux et religieux et avec les personnes d’origine autochtone ;
  • inculquer à l’enfant le respect du milieu naturel ;
  • Comme on l’a vue dans la première partie de notre exposé, l’éducation de l’Enfant en milieu traditionnel cadre presque parfaitement avec les principes évoqués à l’article 29 de la convention.

Nous apprécions hautement que pour mieux asseoir cette convention qui est une politique porteuse de bien – être et d’amélioration des conditions de vie des enfants, espoirs et bâtisseurs des nations de demain, l’on ait eu le souci de voir ce qui, dans nos sociétés traditionnelles, peut servir de modèle et de tremplin ou, au contraire, être source de blocage.

En dépit de nos fonctions qui font de nous un responsable de la coutume et un garant des valeurs culturelles traditionnelles qui souvent ont forgé des habitudes de vie et qui lient les hommes, force nous est donné de constater, cependant, qu’il n’y a aucun phénomène social, culturel ou économique qui ne comporte à la fois des éléments positifs et négatifs.

     Les obstacles socio – culturels à la pleine affirmation des droits de l’enfant.

•    La discrimination à l’encontre des filles

•    L’excision

•    Le mariage forcé

•    Les violences au sein de la famille

•    Les traitements cruels et inhumains infligés à certains enfants (enfants incestueux, hors mariage, jumeaux, albinos)

CONCLUSION

Il existe dans nos sociétés traditionnelles des mécanismes de protection de l’enfant tout comme les droits de l’enfant conçus à travers les chartes et conventions adoptées par la Communauté internationale. Mais il est évident qu’il n’y a aucun phénomène social, culturel et économique qui ne comporte à la fois des éléments positifs et négatifs. Nous devons donc travailler à débarrasser nos sociétés de ses aspects négatifs et œuvrer pour un développement harmonieux des enfants.